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Partir une semaine pour dessiner, peindre dans la nature.

• Pour certains, la nature va nous inviter à exprimer la beauté du monde en la décrivant le plus fidèlement possible dans l’image qu’elle nous donne.                                                                                   • Pour d’autres, dessiner en extérieur est l'occasion de communiquer et de vivre plus intensément avec cette nature qui nous entoure et de traduire les observations, la connaissance, la compréhension des éléments naturels qui façonnent le site.
• Pour d’autres, le dessin, la peinture est l'opportunité de dire l’émotion ressentie face à la beauté de cette nature en nous en traduisant l’image vue.                                                                    • Pour d’autres, le souhait sera d’utiliser la nature pour raconter les histoires que nous avons dans la tête.
• Pour d’autres, le désir est de s’approcher au plus près de la peinture, la nature va nous donner la possibilité de faire des recherches d’écriture, de contraste, de matière, de rythme... De toute façon tout est lié.

Pour cela sera utilisé :
Des notes hâtives au crayon, en aquarelle, à la gouache, en acrylique, , des descriptions plus ou moins tâtonnantes, des rythmes à transcrire..., entre observation et perception. Le choix du matériel est toujours fort complexe.

Carnet de différents papiers, de formats variés, carnet à spirale, carnet relié, papier libre. Les feuilles libres permettent une relecture plus facile car ainsi nous pouvons voir les différentes réalisations d’un seul coup, les carnets nous donnent à voir le déroulé le suivi du travail avec les ratés et les réussis, les essais, les expériences, le carnet et un vrai journal de bord.

Se rajoute les matériaux, crayon, fusain, pastels sec, gras, aquarelle, encre, gouache, acrylique, stick de peinture à l’huile, ... Il y a les matériaux que l’on aime, ceux que l’on connait bien, ceux que l’on a envie de découvrir, ceux que l’on a à portée de main qui nous permettent de ne pas chercher avant le départ. Il y a les outils qui nous impressionnent, ceux qui nous attirent....
Comment s’en sortir ? Et puis il est nécessaire de ne pas trop se charger car porter les sacs dans les montées, dur dur.

Une semaine pour trouver
• le plaisir de se retrouver tous les jours face à nos dessins, de rester à méditer devant les paysages, de pouvoir demeurer dans cette réflexion nécessaire à tout travail de dessin et de peinture. • le plaisir d’être entre dessinateurs, peintres, de pouvoir partager autour de cette passion, de se laisser surprendre par les réalisations des autres stagiaires, s’ouvrir à des choix vraiment différents des nôtres. Cela invite à toujours plus de rigueur dans nos choix, dans la composition, dans la thématique traitée, à enrichir ses procédés techniques, son vocabulaire de forme...

• Le plaisir de partager autour d'artistes plus ou moins reconnus. Cette année j’ai parlé à quelques-uns d’Estève, Bazaine, Manessier. Des peintres qui travaillant à partir du réel vont vers l'abstraction.

 
Cette année accueillis à Chantelle nous avons découvert un lieu propice à toutes recherches Les Gorges de la Bouble. Près de la fraicheur de l’eau à l’ombre des gorges nous avons pu dessiner, faire de l’aquarelle, du pastel, profiter de la nature en supportant la chaleur. Je craignais la pluie, le papier n’aime pas la pluie, mais là c’est la canicule qui aurait pu nous bloquer.
Dessiner en extérieur demande de s’adapter à la région, au climat, aux matériaux apportés ou oubliés...

Trop de beauté, trop de magie peut amener des dessins, peintures anecdotiques. Il est important d’être clair dans son intention, de faire des choix et supprimer ce qui alourdira le travail. L’émotion ressentie face à quelques choses de beau, de fascinant est si forte que notre réalisation ne sera pas à la hauteur de notre ressenti. Il est plus facile de voir la qualité plastique d’un sujet si nous pouvons prendre du recul face à lui. Aussi ai-je choisi de proposer des pistes de regard, des pistes techniques comme travail lors de ce stage. Afin de comprendre le lieu pour des réalisations plastiques intéressantes, j’ai choisi de rester au même endroit pour une bonne partie du stage. C’est en dessinant le paysage que petit à petit sa structure se dévoile à notre regard, que les lignes de forces, l'échafaudage se mettent en place et le dessin, l’aquarelle, la peinture ne seront pas un embrouillamini.

Nous avons commencé dans le jardin de Sylvie avec comme première piste le contraste «réalisations humaine / nature», puis le contraste léger / lourd, aérien / pesant. Il y a différentes thématiques plastiques :
Lignes aléatoires de la nature / lignes «parfaites de l’homme Masse du feuillage / délicatesse de la construction Matière de la glycine / matière de la pierre, des morceaux de bois coupé,  contraste du blanc des chaises / couleurs de la nature,   lignes fines des herbes / masse de la jarre ...

Ensuite nous avons travaillé dans les gorges de la Bouble, près des ruines des moulins.

Le matin en descendant vers la Bouble, nous avons été attentifs à nos cinq sens en particulier, l’odorat, l'ouïe, le toucher. Toutes les perceptions peuvent nous permettent d’affiner notre regard afin de choisir notre sujet de dessin et le nourrir d'élément non prévu au départ. Ajout de l'oiseau après avoir entendu son cri.
Les pistes pour choisir son sujet thématiques ou techniques.
• de nouveau humain / nature, afin de voir la différence de perception lorsque le visuel est plus proche de la nature que de la trace de l’humain, tout au moins en apparence.
• S’approcher petit à petit du sujet, à chaque étape faire un croquis, au moins trois croquis.
• Un même sujet, pour tous les stagiaires, une ligne de pierre dans l’eau. Choisir de la dessiner en s’en approchant au plus près, ou au contraire la voir de loin en surplomb...
• Les similitudes entre des éléments qui à priori non rien à voir entre eux. Il y a souvent présence de divergences avec les similitudes.
• les écritures, avec un seul matériau ou au contraire en mélangeant les matériaux.
Parfois en allant voir les stagiaires lors des séances, je propose des exercices spécifiques à l’un d’entre eux. Cette année deux propositions qui ont porté fruit : • dessiner sans regarder sa feuille de papier, ce qui libère la personne du regard de correction face à son travail. cet exercice permet également de porter un regard différent sur le sujet, il sera moins analytique et plus poétique. • dessiner en tournant le dos au sujet choisi, ce qui permet de le transformer à sa guise, la mémoire sélectionnant les éléments qui ne nous intéressent pas.
Pour de nombreuses personnes qui ont de l’aisance dans le dessin, il est difficile de se détacher du «dessin bien fait», ces exercices sont un moyen pour se détacher du sujet et du résultat.

Le vendredi après-midi afin de faire un bilan «dessin», nous sommes retournés dans le jardin de Sylvie. Tous les exercices proposés durant la semaine ont-ils permis de regarder le jardin avec des yeux neufs. Ceux qui le désiraient ont dessiné le même sujet que le premier jour. Cet exemple présente la liberté acquise face au sujet en dessiner au préalable sans regarder sa feuille de papier.

Je retiens de ce stage deux phrases. :

. Combien de sujets possibles dans un espace restreint ? Voir cela dans le prochain article. . Composer sa feuille pour que le paysage existe. La vision du dessin, de la peinture sera fort différente suivant la composition de l'œuvre. Le paysage sera une description, une image ou une" peinture" suivant l'intention de départ et la composition, les différentes règles de grammaire de la peinture permettront de quitter l'anecdote pour aller vers une expression personnelle pertinente.