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Toute première !

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Texte de poètes sur le Paris du VIIe.

J'ouvre ce blog aujourd'hui

Je vous propose le catalogue de la dernière exposition "Patrimoine du 7ème".

Nous sommes 5 dessinateurs et photographes à sillonner Paris avec nos carnets de croquis et nos appareils photos.

Afin de facilité la lecture des textes que des amis ont réalisé pour cette exposition, je vous les transmets si après.

Bal(l)ade du 7ème

 Avenue Charles Risler

Champ de Mars. Monument pour le bicentenaire de la Déclaration universelles des Droits de l'homme. Dépouillé sans cesse. Traces au sol d'éléments disparus. Les tortues, serpents, lézards des urnes de bronze, arrachés ! Avec quel acharnement ! Les personnages, les animaux de pierre des murs du sanctuaire, même haut perchés, sectionnés ! Avec quelle persévérance ! Reliques emportées. Monument victime de son succès... 

 Avenue Frédéric Leplay et suivantes

Plus belle rue du monde quand tous ses marronniers roses sont en fleurs...

 Rue du Gros Caillou-Rue Augereau

Bifurquer par la ruelle, loin des voitures. Il a disparu, ton gros caillou, qui n'était même pas situé ici !... Aller discuter passions avec Pascale dans l'univers changeant du renouvellement de sa galerie...

 Rue Saint-Dominique

La fontaine de Mars. Enchâssée d'arcades, elle s'impose au milieu de sa si petite place, pour un si mince filet d'eau, telle l'immense socle d'une statue géante qui n'existe pas...

 Voie sur berge

Dimanche matin, faire du roller le long des flots verts de la Seine. Passer sous les ponts. Impression de voler à 1 mètre 65 du plancher des voitures...

 Rue Malar

N°35. Coup d'œil en passant à la Vénus dans son jardinet à travers vitres, voûtes, colonnade. Baroque moderne...

 Rue Amélie

Aller rigoler avec Sylvie, quand elle a fini de sortir de sa bouche les clous semences de tapissier, parmi les fauteuils de style en cure de jouvence. Pas trop longtemps quand même, il lui faut travailler, taxes obligent...

 Passage de la Vierge

Il débute d'un côté comme de l'autre sous un immeuble. Oh l'incroyable chambrette dans sa maisonnette qui déborde sur la rue !...

 Rue du Champ de Mars

N°33. Immeuble de pierre qui délire ouvertement, façon arabesques et arums. Art Nouveau qui prouve au passant que le délire artistique est roboratif... Et au n°8, disparue la petite quincaillère qui avait toujours tout, tout, tout, dans une boîte,  dans un tiroir, dans la vitrine, accroché au mur, accroché au plafond...

 Rue Clerc

Immanquablement repenser à l'Antillais à cheveux blancs, toujours le mot pour rire, même avec les béquilles. Disparu depuis trente ans... Ou à la gentille petite marchande des quatre-saisons avec sa petite charrette à bras. Disparue depuis trente ans... Banques et cafés-restaurants ont depuis remplacé les boutiques de quartier... Croquer l'irrésistible pain de Denis surtout quand il est chaud, en observant l'accorte cohue du dimanche matin...

 Rue Ernest Psichari

L'atelier de Marie-Annick, Catherine et consœurs en face des immeubles façon rideaux à mosaïques. Le mercredi, tous ces enfants qui viennent jouer avec l'insaisissable derrière la vitrine. Petite école de l'art...

 Rue de Grenelle

Square Denys-Bühler. Quand, à force de passer devant, on a enfin compris qu'on peut y entrer, aller regarder les enfants jouer du côté de la petite église, ou plus loin derrière, s'évader parmi les fleurs, les petits amoureux et les chants d'oiseaux. Ah, c'était bien quand les artistes du Gros Caillou, un week-end de juin, l'investissaient de leurs inventions, en écoutant Marysel illuminer l'avenir... Traverser la rue et discuter avec Henri, pas que de tapis tribaux de l'Atlas marocain... Retraverser la rue. N°151. Emois pendant des mois dans le quartier quand la salamandre en bronze de la porte a été dérobée...

 Rue Jean Nicot

Le marché couvert a été détruit. Il était bas et laissait voir depuis la rue la vielle tour derrière. Travaux : incertitudes ! Va-t-on encore voir la fameuse vieille tour avec la construction moderne qui monte si haut ? Génial architecte Portzamparc, qui a séparé le lot en deux superbes bâtiments distincts, découvrant la vieille tour... Quinze ans plus tard, incroyable ! la tour est détruite par les promoteurs avides du 135 rue de l'Université. Entre les bâtiments de Portzamparc, apparaît quand même une ordinaire double terrasse. Bof...

 Passage Jean Nicot

Bifurquer par la ruelle, loin des voitures. S'arrêter discuter pendant des heures avec Pierre l'ébéniste dans l'atelier capharnaüm scrupuleusement rangé. Odeur de bois, vision de bois. Parler anecdotes, traditions, Histoire, dans la passion et la sciure. Pierre a pris sa retraite. Zut...

 Hôtel des Invalides

Ô génie des jardiniers militaires : derrières les canons pointant la rive droite, les buis taillés en forme d'obus !...

 Esplanade des Invalides

Parterres de gazon pour footballeurs et bronzées, ouvrant sur la rive droite. Petites forêts de tilleuls en carrés avec clairières, atténuant les automobiles. T'en souvient-il quand, il n'y a pas si longtemps, toute l'esplanade des Invalides était un parking géant à ciel ouvert ?...

 

 Boulevard des Invalides

Square d'Ajaccio. Bien sûr les grands arbres salutaires, les gazons reposants, les fleurs régénérantes, les chants d'oiseaux ressourçants, bien sûr, mais la statue en pierre de cet homme à moustache gauloise, quasiment nu, qui défend à mort femme et enfant... Contre quoi ?... Tragédie muette dans la verdure...

 Rue de Varenne

Musée Rodin. Tourner et tourner encore une fois autour des Bourgeois de Calais en bronze... Intériorités physiques... Six tragédies muettes en une dans la verdure...

 Place du Palais Bourbon

Enchâssée dans ses immeubles réguliers, dans sa place de pierre récemment retoquée, la statue de la République a eu pendant des années et des années de la végétation qui lui poussait sous le nez... Maintenant c'est différent, sa grille sert de garage à vélos. La République, c'est utile...

 Rue Chanaleilles

René Char habita longtemps ce bel hôtel particulier. Pourtant, la poésie, ça ne paie pas. Seuls demeurent...

 Rue de Babylone

Pourvu qu'il y ait un film intéressant à la Pagode. Retourner dans la Salle japonaise...

 Rue de Bellechasse

Elles sont bien loin, les chasses dans les grenelles. Maintenant, les vitrines chassent les ministres et les députés...

 Rues Valentin Hauy, Bouchut, César Franck, Pérignon, Léon Vaudoyer, Bellart, José Maria de Heredia

C'est encore lui qui passe et repasse en vélib', au ralenti, nez en l'air... Dans les détroits des falaises de pierre des merveilleux immeubles sculptés en vagues...

 Rue du Bac

Emotions, émotions, cet hiver-là, quand on a su que les animaux naturalisés de Deyrolle étaient partis dans le ciel en fumée dans la nuit...

 Rue de Gribeauval

Eglise Saint Thomas d'Aquin. Un ange de pierre ouvre les hauts rideaux de pierre de la nef sur la chapelle céleste. Baroque...

 Rue Sébastien Bottin

N° 5. Centre du monde. Des Lettres...

 

 Place Henry de Montherlant

Esplanade du Musée d'Orsay. Errer de nuit, seul, parmi les sculptures géantes. S'y asseoir. Les écouter...

 Michel Cand

 

Vingt-quatre ans, quel bel âge !


Cela fait donc une petite jeunesse que je côtoie le 7
ème. Je n’y habite pas. Non, mais c’est grâce à mon métier, que de jour en jour, pas à pas, je me familiarise avec ce petit village.
- Village !!!  me dites vous.
- Oui, car mon 7ème que je m’approprie déjà, se concentre, s'humanise autour du quartier du Gros Caillou.

Par mes souvenirs, mais aussi, le plus beau cadeau humain, une filiation orale; ma mémoire a recueilli (en coupant, je l’avoue sans discernement) un patrimoine vivant. Celui-ci, se teinte, se métamorphose, évolue avec le temps, et peut malheureusement, mourir aussi.

Voilà le mot est lâché, ce patrimoine est mortel, comme chacun de nous, et c'est en cela qu'il me touche beaucoup, car il vient à notre portée, à notre échelle humaine, avec sa fragilité, ses erreurs, et la vie de celui ou celle qui nous en fait don.

Le Gros Caillou, donc, quartier historique des commerçants et artisans. Né grâce aux Invalides par les bouchers, les blanchisseuses, et la Seine d'où sont venus accoster de beaux navires avec leurs marchandises et plus particulièrement le tabac, au bout de la rue Jean Nicot. Les bâtiments de la Seita en étaient le fruit, aujourd’hui remplacé par moitié par Air France.

Alors, on peut imaginer pourquoi il y a eu un grand marché couvert (à la place du Conservatoire), des relais poste-auberge (rue St Dominique au 81) avec encore ses colombages lorsque l’on pousse le porche, une majorité de primeurs, un grand Bazar, et même des montagnes russes, autour de 1900, toujours dans cette même rue. Il y avait aussi un cirque ou une fête foraine en lieu et place de la cité mutualiste rue Ernest Psichari.

Le billot, lui, était planté en haut de la petite montée de la rue Chevert, le plus court chemin de la prison (les Invalides encore) à la mort.

Chassons ces idées noires, car le quartier du Gros Caillou était connu beaucoup plus, pour ses petits plaisirs. On venait s’encanailler, se perdre, comme les garnisons de militaires, rue du Gros Caillou où se promenaient quelques fleurs de pavé, aguichant de leurs pétales, leurs clients. Une maison close, entre autres, était située rue Amélie. Ronde entrelacée entre le «beau monde», les ouvriers construisant la tour Eiffel, habitant de fait le quartier du Gros Caillou, et les militaires. Quelques plaisantins pourront ironiser, en dévoilant que cette fameuse maison était proche de l’ancien commissariat. L’homme restera toujours homme, sous tous ces accoutrements.

Il existait aussi un cinéma, rue St Dominique, parmi d'autres d'ailleurs (Avenue Bosquet-passage de la vierge, à l'emplacement du Medef, qui est devenu un temps, le siège social de Gaumont; à  l'angle de la rue Duvivier et de la Motte Picquet) . Celui dont je parle à fermé fin 60, début 70. L’enseigne ronde avec ses petites ampoules, l’entrée avec ses vitres veuves de ses affiches, son balcon avec sa rambarde étaient restées tel quel, même lorsqu’une solderie de vêtements de marque y avait pris place. Franprix, à sa suite, n’eut aucun remord pour tout effacer.

Une habitante, vivant dans un immeuble où existait un cinéma de 1ère exclusivité, a été une de ses ouvreuses. Le propriétaire et patron, avait plusieurs cinémas, il venait la chercher lorsque la caisse était faite pour faire de même dans deux autres cinémas (dont un place Clichy, si je me souviens bien). Le timming devait être serré.

Mais la rue qui me tient à cœur, c’est la rue Amélie. Celle-ci est située à l’emplacement de champs ou de vergers (selon les versions). L’ancien propriétaire les a cédé à condition que le prénom de sa petite fille , devienne le nom de la rue.
Celui-ci faisait partie d’une communauté protestante venue de l’Est de la France. Leur métier tournait autour du bois. Il habitait rue de Grenelle (square St Jean). Riche commerçant, à sa mort, il céda aussi sa propriété, et un peu de sa fortune, afin d’ériger l’église protestante luthérienne qui s’y trouve à présent.

Mais revenons rue Amélie. C’était une voie privée, close en ses deux extrémités par des grilles. Elle fut longtemps pavée en bois. Je vous laisse imaginer les chevaux ferrés, circuler sur cette patinoire improvisée par temps de pluie ou de neige. Cette petite rue a accueilli un véritable inventaire à la Prévert : un boucher, un café bois-charbon, une mercerie, la papeterie Elbe (sur trois générations), un brodeur, une marchande de bouton, le parti communiste, les bains d’Amélie, un bistrot auvergnat, une bijouterie, une supérette, un bottier, un bain douche, une poste.... tous, disparus.

Etre dépositaire de ce patrimoine vivant, de ce parfum de nostalgie, de cette petite musique d’antan me réjouie beaucoup. On me confie un peu de sa vie, pour la retransmettre comme le font les grios en Afrique. Nous avons toujours besoin de racines, et même si celles-ci sont quelques fois agrémentées de ragots, de trous de mémoire, d’embellissements du passé, il reste toujours une esquisse, une atmosphère d’un temps donné.

 Sylvie Déotte.

 

Création du 7ème

Début du 17ème siècle en 1606, Marguerite de Valois (la Reine Margot) s’installe sur la rive gauche face aux Tuileries (pont Royal). Elle y fait construire un somptueux hôtel (rue de Seine, quai Malaquais) avec un très grand parc qui va jusqu’à la rue de Bellechasse, et le grand «Prè auClerc». 

Elle meurt en 1615, laissant des dettes. La propriété est vendue à Le Barbier, qui devient le possesseur du faubourg St Germain.

Le Pré aux Clercs, abandonné devient un terrain vague mal famé: les jeunes brigands volent et s’y battent sous les murs de l’abbaye de Saint Germain. En 1637 l’université s’installe là, contre l’avis des moines de St Germain. 

Création de la rue de Bourbon (de Lille), rue des St Pères, rue du Bac et de Bellechasse. Construction du pont rouge (pont Royal), qui se substitue au bac qui traverse la Seine. 

Création du faubourg Saint Germain pour l’élite du royaume, un anti Versailles. Construction d'hôtels et immeubles d’habitation. Édification de la 7ème merveille de Paris : le 7ème arrondissement.

Plus à l’ouest, le village du Gros Caillou est groupé entre l'hôtel des Invalides, l‘Ecole Militaire et le Champ de Mars (terrain de manœuvres).

Le Gros Caillou qui dépend de Saint Germain, est peuplé de boutiquiers, artisans, ouvriers et de militaires qui suivent leurs instructions au Champ de Mars. 

Un grand nombre de rues porte les noms de grands militaires : La Motte Piquet, Dusquesne, Saxe, Surcouf, La Bourdonnais, Tourville, La TourMaubourg,  Rapp, etc.

Le village est traversé par le chemin aux vaches qui deviendra la rue de Grenelle.

De nombreuses lavandières allaient à la Seine pour laver le linge et luttaient pour sauvegarder leur maigre paie (taxe au baquet qu’on a voulu leur imposer : 30 sous), elles ont gagné soutenues par un avocat.

L’Ecole Militaire initiée par la marquise de Pompadour est construite par Paris Duverney depuis 1752 pour l’instruction de 500 cadets.

Dans le quartier on comptait jusqu’à trois cent cinquante métiers différents qui produisaient des objets de consommation courante, ou qui travaillaient à l’édification des bâtiments et hôtels pour la noblesse et le clergé.

 

 

Un bac de la Seine s’étant envasé à la barrière de la lunette, fût comblé en 1780 et cent ans plus tard, une tour de trois cents mètres a été érigé au même emplacement : La Tour Eiffel.

Tout au long du 19ème siècle à partir de 1830, de nombreuses expositions universelles s’implantent sur tout le Champ de Mars jusqu’en 1900 avec la construction de la Tour Eiffel.

A partir de 1900, il fût décide de restructurer le champ de Mars qui avait souffert de l’édification des grands pavillons d’expositions. Pour couvrir les frais, le champ de Mars a été amputé en créant des artères nouvelles : d'un coté, avenue Elysée Reclus, Frédéric Le Play, et de l’autre coté, Charles Le Coq; longées de très beaux immeubles haussmanniens. Tout au début, leur location était ardue, les Parisiens craignant la chute de la Tour Eiffel.

En trois ans (de 1897 à 1900), trois monuments importants furent construit en un même endroit : le Grand Palais, le Petit Palais et le pont Alexandre III, le plus beau pont de Paris tout en fer, d’une seule arche, symbolique de la Russie (il y a son double ou plutôt quadruple à St Petersburg : le pont de la Trinité sur la Néva). Ce pont fut inauguré en 1900 par le Tzar Nicolas II qui vint se recueillir avec la Tsarine sur le cercueil de l’Empereur Napoléon 1er au Invalides.

Le 7ème arrondissement comporte de nombreux lieux témoins de l’histoire de Paris et de la France :

 l’Abbaye de Saint Germain des Près, l’Hôtel des invalides (Louis XIV), l’Ecole Militaire.

De nombreux hôtels nobles sont devenus ministères ou ambassades. 

Le Champ de Mars (fête de la Fédération 1792, Fête de l’Etre Suprême, envol de montgolfière, nombreux défilés militaires....)

Eglises du Gros Cailloux, Ste Clotilde,

Séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905)

La tour Eiffel devenue un symbole de la France

Des grandes écoles et universités

L’UNESCO

La Chambre des Députés

La Cours des Comptes

Le Palais d’Orsay (ancienne Gare du Sud)

 

Pierre Dumont

 

 

 

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